La teoriisto de la versfarada arto
La longa kunlaboro de Waringhien kaj Kalocsay donis al ni unuan verkon en 1932 : la Parnasa gvidlibro. Tiu libro, kiel diras la introduko « donas ĉion, krom genio » al la lernantoj de poezio.
Por plenumi tiu celon, la libro proponis al siaj lektoroj :
- skizo de la esperanta metriko, kiu estas sistema studo pri la esperanta versfarado, far de Waringhien mem.
- longa poemo de 863 versoj : La arto poetika de Kalocsay
- Esperanto rimaro, kompilita de Waringhien, formis la trian parton.
La Parnasa gvidlibro estis reeldonita en 1968. La tria parto, Esperanta rimaro, estis tiam refarita kaj kompletiga de Waringhien kun la helpo de Roger Bernard.
La poeto :
En 1934, aperas kolekto da poezioj de dek du diversaj aŭtoroj. Tial la titolo estas simple Dekdu poetoj. Inter ili, troviĝas juna poeto, laŭdire 29-jara, Georgo E. Maŭra, pri kiu oni scias nenion, krom ke li estas Panamano kaj modisto. En la sama jaro, oni retrovas verkojn de tiu sama Maŭra en la satira revuo Pirato, fondita de la franca humuristo Raymond Schwartz.
Pli poste, en 1939, G.E. Maŭra publikigas kolekton da poemoj titolitan Duonvoĉe. Tiuj poemoj estas modeloj de arta konstruaĵo pro la varieco de la temoj kaj formoj, kaj pro la aŭdaco de la lirikeco.
Tiu Maŭra restis mistera dum jardekoj. Esperanto en Perspektivo dediĉas al li unu paragrafon, rigardas lian nomon kiel « verŝajne pseŭdonimo de franca aŭtoro », atribuas al li la datojn 1905-1971 kaj priskibas lin jene « Rafinita poeto, kiu diboĉe uzas la rimajn kaj ritmajn eblecojn de la lingvo, kun eleganta, kristale fajna lingvouzo kaj plena ellaboriteco de la konceptoj. Li verkis pri amo, nokto, pri momentoj kaj rememoroj, sed ankaŭ pir tuthomaraj problemoj, kiel milito, liberiĝo, sufero. »
Pere de lia filino Annette (kiu ege ĝentile donis al ni du kopiojn verkitajn de ŝia patro por ŝi), ni scias que Waraghien komponis poemojn ankaŭ en la franca. Jen ekemplo, verkita en 1942 tiam li estis militkaptito en Germanio.
18 Août 1942
Lèvres, dont la gaîté fronce le tendre pli,
Beaux yeux moqueurs, et ce cou charmant qui se cambre
Et souplement se tourne à demi, pour offrir
À l’amour d’une mère un miroir embelli.
Tandis qu’Avril ainsi rit à son beau septembre,
Moi, que ceignent déjà les ailes de l’oubli,
J’ai peur de n’être plus, Nine, à ton souvenir
Que le monsieur à qui l’on envoie des colis ...
(Sen leteroj de vi ekde 18 tagoj)
Legu kaj aŭskultu tradukon de Waringhien : Pro l’ plora son’ de l’ violon’ aŭtuntona (Verlaine)
Le théoricien de la versification en espéranto :
Le premier ouvrage issu de la longue collaboration de Gaston Waringhien avec Kàlmàn Kalocsay, fut (en 1932) le « Parnasa gvidlibro » (Guide du Parnasse).
Ce guide (comme indiqué dans son introduction) avait pour but de donner à l’apprenti poète espérantophone « tout, hormis le génie ».
Pour accomplir cette ambition, le livre proposait à ses lecteurs :
- Une esquisse de la métrique en espéranto (rédigée par Waringhien)
qui est une étude systématique de la versification en espéranto
- Un long poème de 863 vers, rédigé par Kalocsay ( « La arto poetika », en français : « L’art poétique »)
- Un dictionnaire de rimes (« Esperanta rimaro »), compilé par Waringhien
Le « Parnasa gvidlibro » fut réédité en 1968. La troisième partie, le dictionnaire de rimes, fut alors refaite et complétée par Gaston Waringhien et Roger Bernard.
Le poète :
En 1934, paraît un recueil de poésies de douze auteurs espérantophones sous le titre de « Dekdu poetoj » (Douze poètes). Parmi eux se trouve un jeune poète, soit-disant de 29 ans, Georgo E. Maura, dont on ne sait rien, sinon qu’il est panaméen et couturier, ou modiste.
La même année, on trouve des œuvres de ce même Maura dans la revue satirique « Pirato », fondée par l’humoriste français Raymond Schwartz.
Plus tard, en 1939, G. E. Maura fait paraître un recueil de poèmes intitulé « Duonvoĉe » (À mi-voix). Ces poèmes sont des modèles de construction artistique pour la variété des sujets et des formes, ainsi que pour l’audace du lyrisme.
Ce Maura restera mystérieux pendant des décennies. « Esperanto en Perspektivo » qui lui consacre un paragraphe, considère son nom comme « probablement le pseudonyme d’un auteur français », lui attribue les dates 1905-1971 et le décrit ainsi : « Un poète raffiné qui fait une débauche des possibilités de rimes et de rythmes de la langue, avec des tournures élégantes, fines comme du cristal, et une pleine maîtrise des concepts. Il a écrit sur l’amour, la nuit, sur les instants et les souvenirs, mais aussi sur les problèmes de l’humanité, comme la guerre, la libération, la souffrance ».
Par l’intermédiaire de sa fille Annette (qui a eu l’extrême gentillesse de nous faire parvenir la copie de deux poèmes que son père avait écrit pour elle) nous savons que Gaston Waringhien composait également des poèmes en français. En voici un exemple avec le poème ci-dessous qu’il rédigea en 1942 alors qu’il était prisonnier en Allemagne.
18 Août 1942
Lèvres, dont la gaîté fronce le tendre pli,
Beaux yeux moqueurs, et ce cou charmant qui se cambre
Et souplement se tourne à demi, pour offrir
A l’amour d’une mère un miroir embelli.
Tandis qu’Avril ainsi rit à son beau septembre,
Moi, que ceignent déjà les ailes de l’oubli,
J’ai peur de n’être plus, Nine, à ton souvenir
Que le monsieur à qui l’on envoie des colis ...
(Sans lettres de vous depuis 18 jours)
Lisez et écouter une traduction de Waringhien : Les sanglots longs, de Verlaine.