Lettre du comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères. (1908)
(Page 1)
L’espéranto au Japon
Voici ce que nous lisions dans Le Journal le 23 avril dernier :
"Les français qui critiquent l’esperanto, sans le connaître bien entendu (il n’y a pas encore d’exemple d’une critique sérieuse venant de quelqu’un le connaissant sérieusement), font souvent cette objection patriotique, disent-ils, que la langue universelle peut être le français, et pratique, ajoutent-ils, qu’il faudrait commencer par s’assurer que l’esperanto se parle ailleurs qu’en France.
Le récit de ce qui vient de se passer au Japon pourra intéresser ces critiques peu renseignés".
À l’occasion de la deuxième assemblée générale de l’Association espérantiste japonaise, qui eut lieu le mois dernier, le ministre des affaires étrangères du Japon, le comte Hayashi, président d’honneur de l’Association, adressa à l’assemblée la lettre suivante pour y être lue publiquement :
À l’époque actuelle, les relations mondiales se sont tellement développées que la terre semble s’être resserrée. Cependant, les peuples de notre partie du monde ne peuvent suffisamment échanger avec d’autres, leurs idées ou étendre leurs relations, et cela tient surtout à la différence des langues. Notre esperanto a pour but de rompre cet obstacle de de permettre à tous les peuples du monde de se comprendre en usant de la plus facile des langues communes.
Bien que l’anglais et le français soient relativement répandus hors des frontières de l’Angleterre et de la France, il faut bien reconnaître que le premier, langue des affaires, et le second, langue des relations sociales, ont le double désavantage de se différencier beaucoup par leur sphère d’influence et de n’être employé que par une portion bien restreinte de l’humanité entière. C’est pour cela que nous voulons que l’esperanto soit la langue internationale.
"L’Association japonaise, bien que ne comptant encore que deux années d’existence, a obtenu, avec les écoles qu’elle a créées et les adhésions qu’elles a recrutées, le succès le plus grand. Comme président d’honneur, je l’en félicite de tout coeur, pour le plus grand bien du monde, et je me réjouis du progrès incessant de l’esperanto dans notre patrie japonaise.
"Comte T. Hayashi".